21 octobre 2025

La montée en puissance des labels RSE : un impératif pour les distributeurs ?

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est en train de redéfinir les critères d’achat dans le foodservice, au point de devenir un élément structurant des appels d’offres. Dans la restauration collective comme commerciale, les restaurateurs attendent désormais des garanties concrètes sur l’origine, le mode de production et l’impact environnemental des produits pour répondre à une consommation écoresponsable. En France 39% des consommateurs français disent rechercher des restaurants qui proposent des produits locaux. Pour le Royaume-Uni, la préférence pour les produits locaux et artisanaux est réellement ancrée dans la société britannique. On rapporte que 57 % des consommateurs britanniques privilégient les produits ou marques d’origine locale, ce qui influence fortement le secteur de la restauration également.

C’est ainsi que la transition vers les œufs hors cage progresse en grande et moyenne surface mais prend du retard en restauration hors domicile. En 2025, des grossistes majeurs de la restauration collective annoncent ainsi entre 40 % et 44 % d’approvisionnements hors cage, contre 29,5 % à 37 % en 2024. Dans ce contexte, les distributeurs doivent comprendre que les labels RSE ne sont pas un plus, mais un levier stratégique pour rester visibles, compétitifs et attractifs, notamment sur des marchés exigeants comme le Royaume-Uni et l’Espagne.

La RSE, un critère d’achat désormais structurant

La RSE influence directement les contrats, notamment dans la restauration collective où les appels d’offres publics intègrent des critères environnementaux et sociaux dans leur notation. Au Royaume-Uni, le label British Lion et la mention free-range sont devenus des prérequis sur de nombreux marchés

Bon à savoir

Créé en 1998, le label British Lion est aujourd’hui le standard de référence pour les œufs au Royaume-Uni. Plus de 90 % des œufs produits et consommés dans le pays portent ce logo rouge reconnaissable en forme de lion.

Ce label garantit :

  • La sécurité sanitaire : tous les œufs certifiés proviennent de poules vaccinées contre la salmonelle, une exigence introduite dès la création du cahier des charges.
  • La traçabilité totale : chaque œuf est estampillé d’un code indiquant son mode d’élevage, son pays d’origine et l’exploitation productrice.
  • Le respect du bien-être animal : les élevages sont contrôlés régulièrement, avec un suivi strict des conditions d’élevage et d’alimentation des poules.
  • Un cahier des charges renforcé : hygiène, biosécurité, alimentation sans farines animales et contrôles indépendants garantissent un niveau de qualité constant.

Pour les distributeurs britanniques, afficher le logo British Lion sur leurs assortiments est devenu un impératif commercial et marketing. Il rassure les consommateurs, valorise les engagements RSE des acteurs et constitue un levier de différenciation face à une clientèle de plus en plus attentive à la provenance et à la sécurité alimentaire.

L’absence de ces certifications peut suffire à écarter un produit, même s’il est compétitif en prix.

En Espagne, la montée en puissance des labels bio et campero (ce qui signifie élevé en plein air) traduit une attente croissante pour le bien-être animal et le sourcing local, notamment dans les hôpitaux et les établissements scolaires. 71% des consommateurs européens indiquent une préférence pour les œufs issus de systèmes sans cage ou alternatifs, mettant en avant le bien-être animal dans leurs choix alimentaires.

Ce que cela implique pour un distributeur :

  • Les produits sans certification adaptée risquent de sortir progressivement des gammes référencées.
  • Les critères RSE peuvent devenir un élément de différenciation plus fort que le prix, en particulier dans les segments premium et institutionnels.

Les labels, levier de confiance et de différenciation

Les labels garantissent au restaurateur que le produit respecte un cahier des charges précis, qu’il soit lié à l’origine, au bien-être animal, à l’impact environnemental ou à la sécurité sanitaire. Au Royaume-Uni, la certification British Lion est emblématique : elle atteste que les œufs proviennent d’élevages britanniques répondant à des normes strictes en matière d’alimentation des poules, de traçabilité et de sécurité alimentaire (notamment sur la salmonelle). Un produit labellisé réduit le risque de contestation lors d’un contrôle ou d’un audit qualité chez le client final. Dans la restauration collective, cela peut sécuriser un contrat pluriannuel et faire gagner plusieurs points dans la notation globale d’un appel d’offres. 

Ce que cela implique pour un distributeur :

  • Identifier, pour chaque segment de clientèle, les labels qui rapportent le plus de points dans les appels d’offres.Constituer un portefeuille de « labels-références » : Au lieu de proposer une multitude de labels, misez sur un portefeuille fort. Mettez en avant les labels comme l’offre premium et rassurante. 
  • Intégrer ces produits dans des packs ou assortiments prêts à l’emploi pour faciliter la réponse des clients aux exigences RSE.
  • Accompagner ses clients restaurateurs avec des supports marketing prêts à l’emploi (fiches, PLV, visuels) intégrant le label et expliquant sa valeur. C’est un service différenciant qui facilite la revente et fidélise le client. Fournir le « storytelling » avec le produit : Les restaurateurs ou boulangers ont besoin d’arguments concrets pour leurs clients. Ne vous contentez pas de livrer, offrez-leur des supports (brochures, fiches produits, témoignages de producteurs) pour qu’ils puissent raconter l’histoire du blé, des oeufs , de l’agriculteur et du label. 

En résumé, un grossiste peut se distinguer en vendant non pas un label, mais une offre stratégique qui combine la notoriété, l’engagement économique éthique et la sécurité d’approvisionnement, tout en fournissant les outils de communication pour que le chef ou le boulanger devienne lui-même le meilleur ambassadeur de sa propre marque.

Comment un distributeur peut intégrer les labels à sa stratégie

Adopter une démarche RSE est un processus stratégique qui implique d’auditer, de sourcer, de former et de valoriser, tout en restant attentif aux évolutions réglementaires et aux attentes spécifiques de chaque marché. La première étape est de connaître précisément le niveau de certification actuel de l’offre. Une démarche qui passe par le fait de lister toutes les références par famille de produits et segment de marché, et identifier pour chacune la présence ou non d’un label reconnu localement. Par exemple : 

  • Produits déjà certifiés avec un label pertinent pour le marché
  • Produits pouvant être certifiés à court/moyen terme (adaptation du sourcing, changement de fournisseur).
  • Produits non certifiables mais conservés pour des raisons stratégiques (produits de niche, exclusivités).

Un distributeur seul peut difficilement transformer la nature des produits. C’est ici qu’interviennent les partenariats industriels. Collaborer avec des fournisseurs capables de produire selon les standards attendus (cage-free, bio, plein air, labels de traçabilité) peut changer la donne pour un distributeur. Contractualiser des volumes minimum sur des références labellisées permet de sécuriser l’approvisionnement et négocier de meilleures conditions.

La montée en puissance des labels RSE transforme en profondeur la manière dont les distributeurs construisent et valorisent leur offre. Pour rester compétitifs, les distributeurs doivent intégrer les labels dans leur stratégie globale. Pour cela, ils doivent : 

  1. Cartographier l’existant
    Faire l’inventaire complet des produits et gammes existantes.
    Identifier les certifications RSE déjà présentes (labels, normes, auto-déclarations).
  2. Auditer le portefeuille produits
    Évaluer la conformité de chaque produit par rapport aux référentiels RSE actuels.
    Identifier les écarts ou opportunités d’amélioration (produits non certifiés mais éligibles).
  3. Sécuriser le sourcing
    Vérifier la traçabilité et la conformité RSE des fournisseurs actuels.
    Intégrer des critères RSE dans les appels d’offres et contrats fournisseurs.
    Diversifier les sources d’approvisionnement pour limiter les risques liés à une certification ou un pays.
  4. Former les équipes
    Sensibiliser les acheteurs, chefs de produits, commerciaux et équipes marketing aux référentiels RSE.
    Mettre en place des supports pédagogiques (fiches labels, formations en ligne, ateliers).
  5. Valoriser les certifications auprès des clients
    Adapter les supports marketing et commerciaux (catalogues, fiches produits, PLV).
    Former les équipes de vente à argumenter sur la valeur ajoutée des labels.
    Utiliser le digital (site, réseaux sociaux) pour mettre en avant les engagements RSE.
  6. Assurer une veille continue
    Suivre l’évolution des référentiels et labels RSE, par pays et par filière.
    Anticiper les évolutions réglementaires et les nouvelles attentes consommateurs.
    Mettre à jour les procédures internes et les cahiers des charges fournisseurs.
  7. Mesurer et ajuster
    Définir des indicateurs de performance RSE liés à l’offre produits.
    Évaluer régulièrement l’impact commercial et l’image de marque.
    Ajuster la stratégie en fonction des résultats et des retours clients.

Car les dynamiques locales sont fortes et rapides : au Royaume-Uni, la progression du cage-free est appelée à devenir la norme d’ici quelques années, imposant aux distributeurs d’anticiper cette bascule dans leurs gammes. En Espagne, l’essor du bio dans le segment haut de gamme ouvre déjà de nouvelles perspectives, mais oblige à ajuster sourcing et argumentaire pour répondre à une clientèle plus exigeante.

Les distributeurs qui anticipent ces évolutions deviennent des partenaires de référence, capables d’accompagner leurs clients dans leurs propres engagements RSE, et de transformer les contraintes réglementaires en opportunités de croissance durable.

Cocotine

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